Trouver le couteau parfait au tranchant éternel, facile d’entretien et à la préhension agréable est une espérance aussi ancienne que l’outil lui-même. Toute lame s’émousse avec le temps. La lutte contre la perte de tranchant est encore plus inégale de nos jours avec les planches à découper en plastique qui soumettent les couteaux à de nouvelles contraintes. Chaque couteau a ses spécificités techniques.
Chez Chroma, qui a déjà insufflé nombre de ruptures sur ce plan dans le passé, c’est une obsession de toujours, mais avec Kiseki on s’approche au plus près de cet idéal du tranchant pérenne, Lirehaga en japonais. Dans cette quête fut cette fois fait appel à des ingénieurs de la matière.
Une fois le problème posé, ceux-ci se sont penchés sur la question en observant la nature animale. Kiseki est un couteau bionique (la bionique est la science qui recherche, dans la faune et la flore, des modèles en vue de réalisations techniques), inspiré par la nature. Le déclic leur est venu de la dentition des rongeurs. Elle est composée de deux matériaux différents qui inter-agissent : la substance majoritaire est la dentine, appelée aussi ivoire, d’une dureté proche de l’aluminium. Cette dentine est recouverte d’une fine couche d’émail extrêmement dure. L’émail est le matériau le plus dur du monde animal, aussi dur que du béton, on peut fendre de l’aluminium avec. Les ingénieurs ont observé que lorsque les rongeurs se font les dents la dentine s’use plus vite que l’émail, à la jointure entre les deux couches se développe un angle saillant qui devient tranchant comme un couteau. D’où l’idée d’un revêtement très dur apposé sur un support en acier qui aurait les mêmes caractéristiques que l’émail des rongeurs.
Après bien des recherches, on est tombé sur un alliage utilisé dans l’industrie spatiale pour protéger les réacteurs de la corrosion qui, combiné à un noyau en acier inoxydable en molybdène/vanadium, imite ce qui se passe chez les rongeurs, à la différence près qu’un métal ne peut pas repousser comme une dent. KISEKI s’émousse donc quand même – après un cycle d’utilisation très long – mais, et c’est le plus important, on peut toujours le ré-affûter soi-même sur une pierre à aiguiser.
Pour le manche de KISEKI, Chroma a consulté des spécialistes et examiné comment ils travaillent. Il s’en détacha que ces professionnels préféraient à une très large majorité les manches en bois doux. Cela nous parle, ne sommes-nous pas le spécialiste du contraste lame dure / manche doux avec la série Haiku ? Chroma a donc conçu un nouveau manche, Hachikakukei, un octogone plongeant, riveté, à la préhension très agréable. Pour le matériau, ce sont les ingénieurs de Lexus, l’automobile de luxe, qui ont donné l’idée. Ceux-ci venaient juste d’imaginer un nouveau stratifié en bambou pour tableaux de bord, très luxueux. Ravis de pouvoir tester sur un couteau, nous obtinrent leur accord de nous livrer une petite quantité de ce matériau très doux et solide à la fois qui vient des forêts privées Toyota.
Kiseki signifie « miracle » en japonais. Vous en comprendrez le sens lorsque vous aurez travaillé avec Kiseki.