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Sous-rires : les malandrins du couteau

Faux damas AmazonFaux damas, damas inexistant

Il ne vous a sûrement pas échappé que pullulent actuellement des offres de couteaux bon marché sur Amazon. Le couteau japonais n’échappe pas à ce phénomène. Car “japonais” sonne mieux que “chinois” ou “pakistanais”. N’ayant jamais vu comment sont fabriqués des couteaux, rares sont les consommateurs qui savent faire la part des choses et identifier les arguments exubérants de bonimenteurs. Ils prétendent par exemple dans le titre que l’article est en acier VG10 alors que sur la lame est mentionné un acier différent, puis se contredisent encore dans le descriptif en-dessous. Vu sur cette annonce dont il est question ici, le  désopilant “renforcement en diagonal de niveau professionnel pour utiliser la technique de la prise en pincement ” (rien compris à ce charabia) et : “couteau japonais fabriqué par un coutelier hautement compétent dans la ville de Yianjiang en Chine (!) avec un processus de construction s’étalant sur 90 jours” (!!). Ouh là, c’est pas cher, pour 90 jours de travail… Le pire, c’est que ce genre de fantaisie reçoit des évaluations. Certes les évaluations sur Amazon sont rarement circonstanciées et souvent immédiates. Dès l’achat, de la part d’acheteurs qui trouvent étonnant qu’un couteau coupe et qui dès lors vont jusqu’à “recommander de mettre un gant anti-coupure pour travailler avec” (sic), quand les commentaires ne sont pas tout bonnement achetés ou rendus moyennant fourniture gratuite de l’article lors du lancement. Mais c’est quand même saugrenu que des produits bas de gamme soient mieux évalués que les produits de maîtres qui ont fait leurs preuves.

 
Un consom-acteur responsable a relevé un de ces subterfuges auxquels se prête Amazon ; pas un vendeur de la Marketplace, non, Amazon itself.
On passe déjà un beau moment avec le descriptif du couteau, très drôle :  
“La gamme de couteaux Wakoli (une marque sans passé créée pour l’occasion) Damas fait partie des couteaux les plus aiguisés au monde” (on les imagine aiguiser à longueur de journée 🙂 )
“La lame en acier au carbone durci à haute allié offre un tranchant optimal” (parlez-vous la France..) 
“Un couteau est composé de 67 couches au total et est donc parfaitement protégé contre la casse et la corrosion” (rien à voir) 
“Les couteaux en acier de Damas sont composés d’une couche intermédiaire particulièrement dure” (de Damas, en Syrie ? :-), une seule couche, on croyait 67 ?) 
“Ces couteaux en acier forgé 67 (vive le 67!) ne sont pas seulement uniques, ils sont aussi tranchants de rasoir” :-)) (faisons remarquer qu’un rasoir se jette après une demi-douzaine d’utilisations)
D’ailleurs, il ne s’agit pas de 67 couches mais de 33 (16 X 2 + le noyau, c’est visible à l’oeil nu), mais comme on est dans l’emphase, pourquoi ne pas compter double. Sur les couches, voir notre article de novembre 2016 sur le blog.
 
En définitive le pot-aux-roses nous est dévoilé par un acheteur auquel nous empruntons sa photo pour la bonne cause. Ce qui relève que le damas n’en est pas un, c’est un film qui revêt le couteau et qui s’enlève au grattage !! D’ici à ce que ces produits qui se détachent soient en plus non-alimentaires et toxiques, cela ne nous étonnerait même pas car personne ne fait les contrôles comme nous les faisons nous-mêmes sur place.
 
Il en va de même des pierres à aiguiser. On s’en était déjà ému sur ce blog. La fabrication d’une pierre à aiguiser n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Certaines pierres sont plus friables que d’autres. Cela signifie qu’une pierre à 30€ durera moins qu’une à 60€ et une à 60€ moins qu’une à 90€. Une pierre à 30€ va se creuser après une dizaine d’emplois et le client n’aura rien gagné, pas même une initiation car il n’aura pas acquis le bon geste. Et surtout, les aciers japonais ayant une structure cristalline plus fine que les autres. Les fabricants calibrent leurs pierres à leurs matériaux. On ne peut que réitérer les mises en garde, que ce soit en couteaux ou en pierres. Pensez plaisir mais aussi investissement et pas seulement portefeuille. Acheter moins mais mieux et miser sur des objets qui vont durer et se bonifier avec le temps. Un couteau que vous ne pourriez pas aiguiser pollue la planète. Quatre achats de pierre au lieu d’une est également un gaspillage de ressources.