A la suite des grands progrès de l’industrie coutelière, le damas de couleur en est la dernière grande innovation dans le domaine du couteau de cuisine. Cet artisanat est maîtrisé par de rares artisans à travers le monde et n’a été proposé que très récemment aux chefs du monde entier.
La complexité de forge d’une lame d’une seule nuance est déjà un processus complexe en soi et demande une formation longue et académique aux côtés d’un ou plusieurs maîtres artisans avant de se prévaloir soi-même de ce titre que l’on acquière au gré du travail et des maîtrises techniques. Le damas répond aux mêmes difficultés bien que plus complexe dans sa réalisation ou les couches paires et impaires s’alternent autour d’un noyau pour former un visuel saisissant. Visuel qui peut prendre une forme ou une autre selon différents degrés de complexité et de savoir-faire.
Mais du coup comment en arrive-t-on au résultat d’un damas de couleur ?
Dernière étape des innovations coutelières, le damas de couleur implémente de nouveaux éléments dans la construction globale d’un couteau de cuisine. C’est en reprenant le principe d’alternance des couches comme mentionnées précédemment que l’on va chercher à obtenir un damas de couleur. On ajoute d’autres alliages de différentes couleurs pour les associer à l’acier principal utilisé et ainsi travailler chaque matière ensemble dans la forge.
Alliage de cuivre pour les couleurs cuivrées rose saumon et alliage de laiton pour la couleur dorée or. Toutes deux que l’on associe à notre acier carbone. Le cuivre est le plus ancien métal utilisé par l’homme et se trouve naturellement sur Terre. Son point de fusion est élevé à 1085° Celsius. Le laiton se compose de cuivre et de zinc et son utilisation remonte à avant l’Antiquité. Son point de fusion est moins élevé que le cuivre à 932° Celsius. Ce sont des matériaux à l’inertie chimique relative qui se ternissent avec le temps mais dont le contact avec le citron ou le vinaigre rend son éclat d’origine.
La grande difficulté pour obtenir un damas de couleur réside dans le fait qu’on utilise des alliages qui n’ont pas le même point de fusion. Bien que le cuivre et le laiton aient un point de fusion proche, l’acier lui atteint 1500° Celsius. Cette difficulté a été palliée par moult tentatives jusqu’à obtenir pleines maîtrises des connaissances des différentes couleurs de point de fusion dans le feu. Car rappelons le, un alliage monté en température devient rouge flamboyant, c’est donc dans les nuances de couleurs rouges et oranges que les capacités de l’artisan se mugissent pour travailler les différents alliages ensembles pour les rendre malléables et alterné les couches de manière successives avec une presse manuelle.
Le damas de couleur reste un domaine plein de secrets car ses connaissances ne s’acquièrent que par de longues années d’apprentissage et les rares maîtres artisans qui maîtrisent cette techniques ont tous leurs méthodes pour obtenir un résultat avec une esthétique propre à eux.
L’ascension du damas de couleur
C’est du Japon que le damas de couleur est tout d’abord apparu chez nous en la personne du maître artisan Takeshi Saji. Utilisant de l’acier très fortement carburé à 1,1% de carbone, les lames de Saji étaient montées sur des manches très typées pour la chasse. C’est avec son association avec la plus vieille coutellerie de Seki, Kasumi, que les couteaux japonais en damas de couleur de Takeshi Saji ont été montées sur un manche traditionnel de forme octogonal en palissandre veiné est qu’est née la gamme Kasumi Rainbow.
Par la suite les lames en damas de couleur sont apparu dans des versions d’artisans isolés ou par des modèles non commercialisés pour promouvoir le savoir-faire bien qu’anecdotique sur la durée.
C’est en 2024 que la société Haiku International, fabricant des couteaux japonais de la marque Haiku, s’est lancé dans le damas de couleur en développant une gamme sous leur seconde marque nommé Ryoma avec Ryoma Rainbow. Exploit de réalisation ou la gamme propose un damas complexe à obtenir en auréoles alors que jusqu’ici nous n’avions que des couteaux avec un damas de couleur de type « classique » à l’horizontale. Coup de tonnerre dans l’industrie coutelière avec un prix sous la barre des 200€, du jamais vu dans le damas de couleur avec un degré de qualité aussi important sur les matériaux choisit et techniques artisanales employées.
Alliant tradition et modernité, Ryoma Rainbow s’installe comme un des pionniers du damas de couleur à travers la France et l’Europe.
