Pour ceux qui comprennent l’anglais, voici un excellent article sur le sujet : https://www.asianart.com/articles/wood/index.html
Traduction courte et rapport à notre thématique :
L’auteur explique qu’en Asie, on a toujours ressenti la magie des arbres. Nous précisons qu’en Occident cet ancrage fut aussi présent dans la mythologie celtique, l’arbre représentait le père et la mère qui ont enfanté tous les animaux, en transformant la lumière du soleil en vie – la photosynthèse. Pour les Celtes, dont les lieux de cultes étaient plutôt situés au coeur des forêts, l’arbre est sacré, et doté de pouvoirs. Il fait le lien entre le monde souterrain symbolisé par les racines et le monde du dessus (les branches). Les druides semblent être, par essence une incarnation de l’arbre, ils avaient leurs arbres sacrés. Au Japon, pays d’abondance (la couverture forestière du Japon y est très élevée, au second rang des pays de l’OCDE), les arbres font partie de l’ordre cosmique, sous lesquels se trouve la source de l’illumination. Bouddha reçut la connaissance sous un arbre. La religion shinto fut fondée sur la croyance à des esprits habitant arbres et végétaux. L’arbre y est yorishiro, et un arbre étendu mort était considéré comme une évidence d’une manifestation divine ici-bas, d’un Dieu venu parmi les humains. Sur la signification ésotérique du mot yorishiro : le mât central du temple d’Ise, le shin no mihashira est yorishiro, c’est à dire habité par les Dieux. Symboliquement à l’intérieur des habitations le Dieu domestique est vénéré dans le pilier porteur central des maisons, contre lequel on ne s’appuie pas.
Le contraste entre la culture japonaise et les traditions occidentales pourrait être résumé dans la notion japonaise de setsuna, qui signifie éphémère. Elle confère au bois la même matérialité de vie et de mort qu’au coeur de la conscience humaine, se traduisant par la résistance des Japonais aux clous qui endommagent le bois et ses composants. Une philosophie sous-jacente qui a donné naissance à une attitude distinctement japonaise à l’égard du bois. Ce culte a mené à une propension inconsciente à l’éphémère et à la reconstruction, qui survit aujourd’hui par le fait qu’on détruit et reconstruit à neuf le temple d’Ise tous les 20 ans. Les villes japonaises traditionnelles en bois étaient régulièrement dévastées par des incendies ou des tremblements de terre. Durant l’ère Edo le Shogun a insisté pour recouvrir les maisons de tuiles dans la capitale, mais les habitants n’ont guère appliqué. Reconstruire tous les trois à cinq ans à chaque catastrophe, était aussi naturel que de remplacer le papier washi des murs, un renouvellement cyclique comme l’est encore de nos jours celui du sanctuaire d’Ise.
De nos jours cette pensée subsiste encore dans de rares produits, quelques uns de nos couteaux par exemple (notre spécialité, les manches en bois de diverses essences) où survit cette culture ancienne :
- les gammes Haiku : manches sans clous ni vis qui se changent facilement
- la gamme Kasane : bois morts des montagnes de Seki récoltés et recomposés pour en faire un manche sans clous ni vis également