Couteau japonais 100% artisanal
Un peu d’histoire. Au début est le minerai de fer. Celui-ci se carbure lorsque brûlé sur du charbon de bois. Le charbon dégage du monoxyde de carbone au contact de l’air qui réduit (consume) les oxydes de fer en captant les atomes d’oxygène, devenant acier. Jusqu’au XVIIème siècle, le procédé artisanal d’obtention d’acier n’a quasiment pas varié et il n’y a pas de distinction entre les aciers de coutellerie et les autres. La qualité dépend du forgeron, de sa capacité à éliminer les impuretés originelles (scories de charbon de bois non brûlé) au marteau, et des propriétés du minerai, la spécialisation se faisant au fur et à mesure de la géographie des gisements.
Aux alentours de l’an 1000 une technique particulière héritée d’Inde se développe en Orient, permettant d’obtenir des aciers cristallisés aux grains extrêmement fins et d’une grande dureté (le damas). Les artisans mauresques importeront ce savoir-faire en Espagne faisant des aciers de Tolède ce qui se fait de mieux au Moyen-Age en Europe.
En 1740 Benjamin Huntsamm transfère la technique indienne à la sidérurgie anglaise, à Sheffield. Les Anglais vont rapidement rafler 50 % du marché européen. Mais bombardée en 1940 par les Allemands, la production à Sheffield va s’effondrer pour s’arrêter en 1980 au profit de la ville allemande de Solingen. Celle-ci sera un temps un repère de qualité dont brillent les derniers feux au propre et au figuré. La France quant à elle n’a jamais brillé dans le haut de gamme, s’orientant après-guerre, sous la pression de nouvelles formes de commerce et de consommation (lave-vaisselle), vers de grandes coulées inox laissant peu de place aux petites productions de qualité.
De nos jours ce sont les couteaux japonais qui tiennent le haut du pavé. Tout d’abord seules les pépites contenant entre 0,6 % et 1,4 % de carbone appelées tamahagane (acier précieux en japonais) seront retenues pour les couteaux. Le Japon longtemps isolé sur son île conserva aussi la compétence de la qualité donnée à chaud quand l’industrie européenne opta pour l’industriel à outrance. Certes depuis une décennie ils utilisent aussi des produits modernes comme le VG10 alliés à du chrome, molybdène, vanadium, manganèse ou encore cobalt, remplaçant le doigté et l’oeil aguerri du coutelier par une complexification des process, mais ils ont su garder en parallèle dans la continuité de la tradition les aciers de petites coulées.
Haiku Kurouchi est un héritier de cette tradition, au look vintage ravageur. En acier Aoko (ou Aogami, “blue steel” en anglais, Ao = bleu en japonais) en plus du fer et carbone, il comporte une petite part de tungstène, ce qui fait qu’il tient son fil nettement plus longtemps que le Shiroko (ou Shirogami, “white (shiro) steel” en anglais). Ce couteau, comme les anciens fer + carbone, rouille, mais il faut bien comprendre que ceci est un avantage et non un inconvénient. Il est plus facile à travailler (car les alliages compliquent l’homogénéisation des grains) mais demande une habileté, une maestria technique plus poussée, et pour l’utilisateur, est plus facile à ré-affûter. Régulièrement en rupture pour cause de demande supérieure à l’offre, ils sont de retour après une longue absence.