Cela fait plus de 30 ans que nous sommes dans le métier et tous les cinq ans apparaît sur le marché “THE” aiguiseur qui prétend révolutionner le marché, on est passé par l’électrique qui chauffe les lames aux molettes en tungstène qui les abîment, pour arriver aujourd’hui à l’aiguiseur qui roule. Les mêmes sites Internet qui louangeaient ceux qui ont depuis disparus du marché, nous la rejouent pareil avec des tests auto-promotionnels.
On a immédiatement été circonspects, car depuis le Néolithique, aiguiser un couteau c’est sur une pierre. Mais pourquoi pas, si une solution structurante se présente nous sommes preneurs, ce sera toujours mieux que le fusil qui n’est qu’un pis-aller. Du coup on a pris ces affûteurs qui roulent, sous la loupe.
Premières constatations.
Les testeurs allemands (le produit est apparu en Allemagne avant la France) sont d’abord sceptiques. L’Allemagne est un pays amateur de beaux couteaux où l’affûtage à la pierre n’a de secret pour la plupart, c’est un acte intériorisé comme nécessaire et bénéfique pour le couteau à long terme. Reste juste à savoir si on le fait soi-même où si on passe chez l’affûteur de temps en temps, ce qui est moins économique. Or les premiers retours sont très mitigés. Notamment de consommateurs qui savaient aiguiser sur la pierre avant (source : Amazon DE).
Il y a bien sûr aussi de nombreuses évaluations positives qui contrebalancent, et le mal est plus évident que le bien, mais ces premières impressions interpellent car techniquement motivées, au contraire des “pour” où très peu d’informations qualifiées émergent. Il semblerait que se dégage une ligne très… tranchée entre ceux qui ont déjà aiguisé sur pierre avant et les irréductibles qui ne veulent même pas tenter. La première version HORL est alors retirée d’Amazon on ne sait par quel prodige. La société allemande repart avec un nouveau concept, HORL2. Principe identique, certains éléments revus, le prix doublé. Les évaluations positives prennent le dessus.
Afin d’exposer cette ligne de fracture entre qui sait ce qu’est un tranchant véritable et qui a l’impression de savoir, nous avons procédé à un affûtage avec la pierre PRO-YAN et avec une pierre qui roule. Couteau très émoussé. Trois minutes chacun. La différence est la suivante :
Force est de constater que la personne qui affûte avec le HORL peut très bien être satisfaite de son résultat, mais celui qui sait le résultat qu’il peut obtenir en 3 minutes chrono, s’il doit mettre 3 à 4 fois plus de temps sera insatisfait. Pour être juste, les pierres PRO-YAN raccourcissent beaucoup le temps mis à affûter, ce qui n’est pas le cas des pierres à eau traditionnelles. Nous ajouterons que pour nous, le HORL peut être une solution si on dé-morfile avec une pierre derrière. Car le rouleau qui roule toujours dans le même sens, ce n’est pas dé-morfiler, on oublie trop souvent l’importance du morfil alors même que la pierre diamantée, très abrasive, qui roule, aimante et accroche toutes les aspérités rabotées au passage.
Trois ans après HORL a compris cela et propose désormais des pierres fines et un cuir en sus pour dé-morfiler, mais cela veut dire qu’on doit remettre des sous dans la machine. Mieux vaut donc investir tout de suite dans une bonne pierre, non ? Les pierres PRO-YAN coûtent 1/5ème du dispositif HORL complet, l’argent économisé permettant de se faire plaisir avec un couteau de qualité.
P.S. hors de ce cadre, ce test montre aussi toute la facilité qu’on a avec les pierres PRO-YAN. Aiguiser un couteau avec ces pierres sèches et si douces est magique. Le résultat : un vrai poli miroir si on va dans les pierres fines. Voir ci-dessous avec un couteau personnel qui a plus de 10 ans.